Textes

Elise Beltramini, Chronique pour Lueur Vive

«  Dessin – Souvenir(s)
Exploratrice du souvenir, Magalie Darsouze dessine, de sa mine de plomb, des instants de vie issus de sources photographiques personnelles ou empruntées.

Dans cet album imaginaire, événements historiques, scènes du quotidien, portraits de famille, moments de convivialité et réminiscences d’êtres disparus, forment une mémoire collective où l’indélébile, l’éphémère et l’oubli se manifestent par la distorsion, la surexposition et l’effacement.

De ces différentes intrigues, le spectateur sollicite ses propres souvenirs, piochés dans différentes temporalité, vécues ou racontées, fictives ou réelles.

En mêlant l’universel et l’intime, Magalie Darsouze parvient à réactiver le passé tout en nous laissant la liberté de nous questionner sur notre place face à ces images projetées.

Magalie Darsouze a étudié les arts plastiques à l’université Michel Montaigne de Bordeaux.
Ses œuvres ont été diffusées en Nouvelle Aquitaine et à travers la France dans le cadre de résidences, créations collectives et expositions personnelles. »

Théo Petroni, rédacteur et curateur d’exposition

Magalie Darsouze interroge le temps passé. Elle explore les intrigues issues d’un répertoire d’albums photographiques personnels ou empruntés, images d’archives choisies pour leur qualité d’appartenance au souvenir commun, scènes de vie et d’enfance, instants de famille partagés et disparus.

Dans l’enracinement de nos histoires, ses dessins expriment  l’indélébile ou l’éphémère, invitant le spectateur à se projeter au travers d’une temporalité imaginaire facilement identifiable. Banalité face à ce qu’évoquent les instants où se mêlent drame et bonheur, leur ressemblance incarne l’histoire des êtres qui les habitent, livrés ici à une interprétation libre.

À la mine de plomb dans le mystère du moment dégagé par ces intrigues, ignorant l’avant et l’après, Magalie Darsouze cherche à déceler ce qui est en train de disparaître, sème des indices à travers la surexposition, l’effacement, le flou.

L’image est manipulée, gommée par un procédé qui fige davantage dans le doute les zones inachevées: ce qui a été n’est plus.

Son crayon souligne la fragmentation d’événements cristallisés sur  pellicule, une mémoire qui disparaît peu-à-peu, aussi bien par l’usure que par la transformation du souvenir. Ces « défauts » liés au vieillissement ou à la prise de vue, sont accentués, laissant apparaître des esprits capturés dans la lumière. Un clin d’œil au caractère désuet de ce qu’il en reste. »

Comme un négatif retrouvé, le souvenir ressurgit, projette une preuve que ce moment à bien existé, leurre entre le réel et l’imaginaire,déformé par le prisme d’une réalité que nous créons nous-mêmes au cours de l’existence. »